« Je commence à vivre de mes activités depuis seulement un an »
À 30 ans, Marie Vasse est à la tête de deux entreprises : une production de fleurs coupées et un magasin de vente alimenté par les produits de son exploitation. Installée à Heuqueville (76), la jeune femme a profité de l'existant familial pour développer son projet professionnel.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Fleuriste, c'est le métier que j'ai toujours voulu exercer. J'ai toutefois obtenu un bac comptabilité en 2001, – mes parents souhaitaient que je sois titulaire d'un bac –, avant de passer, en 2003 et 2005, un CAP puis un BP fleuriste à Tecomah (Jouy-en-Josas - 78), en particulier aux côtés de Muriel Le Couls, Meilleur Ouvrier de France 2004. En même temps, j'ai fait mes armes chez un fleuriste à Montivilliers (76), puis à Harfleur (76). » Dans la foulée de ses études, la jeune femme crée sa propre entreprise de négoce en fines herbes, fruits et légumes d'été. Et tout en gérant cette structure, elle mène, pendant quatre ans, une seconde activité. « À la suite d'un accident, mon père, Daniel, ne pouvait plus continuer, et mes parents n'avaient pas réussi à vendre leur exploitation maraîchère. J'ai donc travaillé avec eux, à Heuqueville (76), jusqu'au départ à la retraite de mon père. Cette période a été l'occasion d'apprendre le métier de productrice, toutefois basé sur leurs façons de voir les choses, leur expérience et leurs cultures. »
Horticultrice et fleuriste
Début 2010, Marie Vasse donne une nouvelle orientation à sa carrière professionnelle et s'installe à la tête de deux entreprises. « Je n'aurais pas pu rester tout le temps enfermée dans un commerce. J'ai donc cessé mon activité de négoce et j'ai profité de l'existant familial. » Elle convertit les productions légumières en cultures de fleurs coupées. Sa mère, Bernadette, reste cogérante de l'activité horticole, pendant trois ans, jusqu'à sa propre retraite. Et dans le même temps, la famille aménage un magasin de fleurs en vente directe, ce qui permet à Marie de devenir fleuriste en même tant qu'horticultrice. La production de fleurs coupées alimente le magasin avec les plantes à massif au printemps, des fleurs coupées toute la saison estivale, puis des lis et des pensées à l'automne.
Depuis le mois de janvier dernier, elle est seule gérante du magasin et de l'entité de production. « Comme j'avais déjà la structure, les tunnels, les matériels et la clientèle issus de l'exploitation de mes parents, et de la trésorerie grâce à mon activité précédente, mon installation s'est organisée progressivement. Et je n'ai pas eu de trop gros investissements personnels en débutant », souligne-t-elle.
Également comptable de formation, Marie Vasse est plus avertie que nombre de jeunes qui s'installent : « Cette compétence est une aide précieuse car il est important de comprendre ce que veulent dire les chiffres et de savoir les analyser. J'ai continué à travailler avec le même expert-comptable. Il s'est occupé de ma demande de subvention, une aide de l'ordre de 3 000 euros accordée par le conseil général. Et c'est surtout lui qui a pu nous conseiller sur les démarches administratives à mettre en oeuvre pour l'installation. D'ailleurs, les organismes qui nous aident ont assuré un suivi pour savoir ce que devenait mon projet. En externe, ce sont surtout les fournisseurs de plants qui m'ont bien renseignée (notamment Graines Voltz, et aussi Au bon laboureur Normandie, producteur de l'obtenteur SG/Syngenta Seeds) sur le choix des espèces et cultivars adaptés à notre région, et pour les intrants culturaux (substrats, engrais)... Je peux également compter sur la station horticole Astredhor Seine-Manche, notamment pour les alertes sur les maladies et ravageurs, ou n'importe quel autre problème. »
L'importance du bouche-à-oreille
Pour se faire connaître, Marie Vasse s'est équipée d'un site Internet en 2009. Il a permis de faire connaître ses compétences de fleuriste et son potentiel pour faire de l'événementiel (anniversaires, fêtes familiales, décors divers…). Mais elle n'avait pas la main pour les mises à jour du site et le prestataire informatique a cessé son activité. Si l'expérience n'a pas été probante, elle compte surtout sur la clientèle de l'exploitation familiale : « Presque tous me connaissent. Ils m'ont vue évoluer sur les marchés depuis que je suis toute petite. C'est surtout ma présence de longue date et le bouche-à-oreille qui font ma publicité. L'exploitation est par ailleurs bien située, entre Étretat et Le Havre. Malgré la concurrence récente de fleuristes aux alentours, la clientèle demeure et apprécie de trouver des plantes issues de notre production, un parking facile d'accès... »
Être motivé et aimer son métier
Pour s'installer, il faut avant tout aimer son métier car nous y consacrons beaucoup de temps. La motivation aide à accepter la météo, et les contraintes de toute nature, dont les démarches administratives ! » Pour le moment, Marie Vasse sait qu'elle doit encore asseoir ses deux activités : « La première année, il y a un minimum d'investissements à réaliser. Je commence à vivre de mes activités depuis seulement un an. Quand on s'installe, il faut s'occuper de son entreprise avant de s'occuper de soi. En début d'année, je m'accorde un petit salaire et, uniquement quand je suis à jour avec les fournisseurs, j'ajuste un complément. Je veux d'abord être tranquille. Maintenant, je me régale. Je suis “fleuriste horticole” ! Plus jeune, sur les marchés, je faisais juste du service, de la simple vente de fruits et légumes. Maintenant, je vais davantage au-devant de la clientèle. Chaque année, je teste des nouveautés qui lui sont destinées et j'essaie de répondre au mieux à ses attentes. Aujourd'hui, je propose mes compositions florales, des réalisations moins classiques et des coups de coeur... et j'apporte par ailleurs des conseils, ce qui rend le relationnel beaucoup plus passionnant. »
Odile Maillard
Pour accéder à l'ensembles nos offres :